L’obésité : une maladie chronique

August 24, 2022

mise à jour

Autrefois considérée simplement comme le résultat d’un mode de vie, la science a beaucoup progressé en ce qui a trait à l’obésité. Aujourd’hui, elle est reconnue comme une maladie chronique complexe, multifactorielle, progressive et récurrente, caractérisée par une accumulation anormale ou excessive de graisse qui nuit à la santé, augmente le risque de complications médicales à long terme et réduit l’espérance de vie1. Essentiellement, l’obésité est une maladie caractérisée par un dérèglement énergétique, où l’excès de tissu adipeux peut devenir dysfonctionnel et prédisposer la personne atteinte à d’éventuelles complications médicales, y compris le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, la stéatose hépatique non alcoolique, le cancer et, plus récemment, la forme sévère de la COVID-19. Par exemple, on estime que 20 % de tous les cancers peuvent être attribués à l’obésité2. De plus, les personnes atteintes d’obésité font également face à des préjugés omniprésents fondés sur le poids et elles sont stigmatisées (ce qui entraîne des inégalités en matière d’accès à l’emploi, aux soins de santé et à l’éducation) – et ces facteurs contribuent à accroître encore davantage la morbidité et la mortalité (indépendamment du poids).

L’obésité est en train de devenir un problème de santé mondial et constitue une épidémie dans de nombreux pays, dont le Canada. À l’heure actuelle, plus d’un adulte canadien sur quatre est considéré comme obèse, les hommes et les personnes âgées de 40 à 69 ans étant surreprésentés3. Outre les conséquences graves pour la santé, l’obésité a d’importantes répercussions économiques, car on estime que 12 % des dépenses de santé au Canada seraient attribuables à cette maladie4.

Malgré des données de plus en plus probantes et la reconnaissance par l’Organisation mondiale de la Santé et l’Association médicale canadienneque l’obésité est une maladie chronique grave, elle n’est pas gérée efficacement dans nos systèmes de santé (publics et privés). D’abord, la reconnaissance de l’obésité comme maladie chronique met en évidence la nécessité d’outrepasser l’approche traditionnelle axée sur « manger moins et bouger plus » et d’adopter des principes de gestion de la maladie chronique fondés sur les données probantes – comme dans le cadre de la gestion de toute autre maladie chronique, y compris le diabète de type 2, l’hypertension artérielle et bien d’autres.

Par le passé, la conception traditionnelle de l’obésité comme une conséquence du mode de vie a façonné les principes et l’approche de couverture des régimes privés d’assurance-médicaments : ces derniers excluent souvent les médicaments contre l’obésité ou, lorsque ces médicaments sont couverts, ils sont inclus dans la catégorie des médicaments de « mode de vie » et assujettis à des maximums annuels ou à vie arbitraires qui donnent souvent lieu à une couverture inadaptée à la prise en charge appropriée de la maladie.

Les médicaments pour le traitement de l’obésité d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec les « médicaments amaigrissants » du passé – ce sont des médicaments hautement efficaces et sécuritaires élaborés dans le cadre de la nouvelle science qui considère l’obésité comme une maladie chronique attribuable à plusieurs facteurs.

Afin d’harmoniser la couverture des médicaments contre l’obésité avec les dernières connaissances sur la maladie, GSC a entrepris un examen complet de son approche et planifie introduire de nouvelles normes de couverture au début de 2023. D’autres renseignements à ce sujet seront publiés dans l’édition du mois prochain de la Mise à jour de GSC. Restez à l’affût.

Références :

  1. L’obésité chez l’adulte : ligne directrice de pratique clinique. Journal de l’Association médicale canadienne, 2020, 192(49), E1757-E1775. https://doi.org/10.1503/cmaj.191707-f
  2. Obesity and cancer. The Oncologist, 2010, 15(6), 556-565. https://doi.org/10.1634/theoncologist.2009-0285
  3. Trends in obesity across Canada from 2005 to 2018: a consecutive cross-sectional population-based study. CMAJ Open, 2022, 10(2), E439-E449. https://doi.org/10.9778/cmajo.20210205
  4. Cost analyses of obesity in Canada: scope, quality, and implications. Cost effectiveness and resource allocation, 2013, 11:3. https://doi.org/10.1186/1478-7547-11-3