GSC en bref: Nous avons un compte à régler - ou plutôt une dent contre le système de soins de santé canadien

June 1, 2021

En bref

NOUS AVONS UN COMPTE À RÉGLER – OU PLUTÔT UNE DENT CONTRE LE SYSTÈME DE SOINS DE SANTÉ CANADIEN.

Un Canadien sur trois n’a pas de couverture pour les soins dentaires. Comme il existe peu d’options publiques en matière de soins (à moins d’être un enfant ou une personne âgée, bien sûr), des millions de Canadiens ont peine à prendre soin de leurs dents.

Croyez-nous : c’est extrêmement important. Les problèmes dentaires non traités peuvent avoir toutes sortes de conséquences désagréables : infections, maladies cardiovasculaires, diabète et cancer de la bouche, pour n’en citer que quelques-unes. Sans parler de l’impact sur votre qualité de vie. La douleur peut nuire à l’alimentation, au sommeil et au sourire. Un grand nombre des personnes ayant une mauvaise santé buccodentaire souffrent aussi souvent d’une mauvaise estime d’elles-mêmes et de difficultés au travail ou à l’école.

Les problèmes dentaires non traités peuvent avoir les conséquences suivantes :

  • Infections
  • Diabète
  • Cancer dela bouche
  • Difficulté à manger
  • Difficulté à dormir
  • Difficulté à sourire
  • Mauvaise estimede soi-même
  • Difficulté au travail

Pour les Canadiens qui n’ont pas accès à des soins dentaires, le plus souvent en raison de leur coût, ces problèmes ne disparaissent pas comme par enchantement. En général, la situation s’aggrave au point qu’ils se retrouvent dans une salle d’urgence ou un cabinet médical, où les options de traitement sont peu nombreuses. En 2014, rien qu’en Ontario, les patients se sont rendus 61 000 fois à l’urgence pour des raisons de santé buccodentaire (pour la coquette somme d’environ 31 millions de dollars).

Mais nous ne sommes pas seulement là pour critiquer, nous sommes aussi là pour faire quelque chose. C’est pourquoi à la fin de l’année dernière, GSC a lancé le Projet accès Green en partenariat avec l’Université de Toronto, afin de combler cette lacune dans les soins et de contribuer à changer le système de soins de santé – pour de bon.

(Vous vous demandez pourquoi un fournisseur de régime de garanties de soins de santé s’intéresse aux soins dentaires publics? Eh bien, GSC est une entreprise à vocation sociale sans but lucratif – c’est vrai! Ainsi, nous nous efforçons de soutenir un système de soins de santé plus accessible et durable, ce qui est dans notre ADN depuis notre création en 1957.)

QU’EST-CE QUE LE PROJET ACCÈS GREEN?

Lancé par Green Shield Canada en 2020, le Projet accès Green s’associe à des établissements universitaires et à des fournisseurs de soins de santé communautaires pour fournir des soins gratuits à ceux qui en ont besoin et financer des recherches clés qui nous aideront à changer le système de santé – pour de bon. Les principaux piliers du projet sont les suivants :

  • Les gens : Notre priorité absolue est d’aider plus de Canadiens à avoir accès aux soins. Cela signifie financer des cliniques de première ligne et fournir des soins dentaires aux personnes dans le besoin, sans frais pour le patient.
  • La recherche : Tout changement positif nécessite de disposer de bons renseignements. C’est pourquoi nous finançons des recherches qui visent à découvrir l’impact de l’accès aux soins dentaires sur les individus, les familles et le système de soins de santé.
  • Sensibilisation : Nous plaiderons en faveur de solutions fondées sur des données probantes pour combler cette lacune importante du système de soins de santé canadien.

Nous avons ouvert le bal en faisant un don de 6,15 millions de dollars à la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Toronto pour financer les soins dentaires des patients dans le besoin ainsi que le programme de recherche One Smile. Dernièrement, nous avons annoncé notre tout nouveau partenariat avec le Bureau de santé du Nord-Ouest, qui sert la grande majorité des communautés du nord de l’Ontario, et nous prévoyons ajouter d’autres partenaires au cours des prochaines années.

Dernièrement, dans le cadre de notre balado (oui, nous avons un balado en anglais seulement), notre animateur, David Willows, s’est entretenu avec le D  Carlos Quinonez, professeur agrégé à la tête du programme de recherche de la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Toronto, pour discuter de l’exclusion des soins dentaires du système de soins de santé canadien, des leçons que nous pouvons tirer des systèmes de soins dentaires publics dans d’autres pays et de ce que le Projet accès Green et One Smile, son programme homologue de recherche à l’Université de Toronto espèrent pouvoir faire pour aider à combler cette lacune.

C’est donc avec un grand plaisir (et peut-être un peu de paresse) que la présente rédactrice est heureuse de partager cette conversation avec vous :

DW : Carlos, bienvenue de nouveau dans notre balado.

CQ : Merci de me recevoir.

DW : C’est toujours un grand plaisir. Commençons par parler un peu des lacunes que vous avez constatées dans le système de soins de santé canadien en matière de soins buccodentaires.

CQ : OK. Commençons donc par le système de soins de santé en général, car je pense que la question aujourd’hui est de savoir comment traiter les soins dentaires dans le cadre d’une politique de santé élargie. Le système de soins de santé public du Canada présente donc une grande lacune en ce qui concerne la dentisterie. Autrement dit, elle est pratiquement inexistante. Par exemple, en examinant notre principale législation en matière de soins de santé au Canada, la Loi canadienne sur la santé, on constate qu’elle mentionne les dentistes et la dentisterie, car certains services dentaires chirurgicaux sont fournis dans les hôpitaux. Donc, si vous conduisez sur l’autoroute, que vous avez un terrible accident de voiture et que vous vous abîmez le visage, notre système national d’assurance-maladie vous soignera le mieux possible. Mais s’il s’agit de vos dents, vous pouvez oublier ça.

Certains soins dentaires sont offerts dans le cadre des législations provinciales sur les soins de santé et l’aide sociale, par le biais d’un financement pour les enfants et les adultes à faible revenu, les personnes souffrant d’un handicap quelconque et les personnes âgées à faible revenu, mais c’est extrêmement marginal. Ce que je veux dire, c’est que c’est très limité. En d’autres termes, sur chaque dollar consacré aux soins dentaires, seulement environ cinq cents sont financés par les gouvernements. C’est triste.

Ensuite, il y a le système privé de soins dentaires qui est assez solide, qui fonctionne bien dans le cadre des régimes de garanties dentaires offertes par les employeurs, et qui couvrent généralement une majorité de personnes employées et en bonne santé. Ce système fonctionne plutôt bien pour une bonne partie de la population, bien que nous commencions à constater certaines lacunes en termes de problèmes de sous-assurance, c’est-à-dire en ce qui concerne les personnes qui adhèrent à un régime de garanties qui ne couvre pas tous les frais.

Viennent ensuite les personnes qui ont un emploi, mais qui n’ont pas de régime de soins de santé et qui doivent donc payer leurs soins dentaires de leur poche, ce qui peut être coûteux. En plus, les salaires n’ont pas vraiment augmenté depuis à peu près 20 ans et de nombreux Canadiens ont moins de revenus disponibles parce que le prix de la nourriture, du logement et du loyer augmente de façon considérable. La dentisterie devient alors un obstacle financier que certaines personnes ne peuvent tout simplement pas surmonter.

Il convient aussi de parler des personnes qui sont vraiment dans une situation très précaire. Le seuil de certains programmes en Ontario est d’environ 22 000 $ par an. Et si vous gagnez 23 000 $? Ces 1 000 $ ne vont pas vraiment couvrir le coût de toutes les autres choses dont vous avez besoin, n’est-ce pas? Il y a donc cette partie des Canadiens qui a vraiment, vraiment du mal à accéder aux soins, ce qui a des répercussions importantes sur la santé globale de la population, ainsi que sur leur bien-être psychosocial, leur capacité à mener une vie décente, etc.

Bus Stop Illustration

DW : Nous allons y venir dans un moment, mais... je sais que vous avez étudié la santé publique dentaire au-delà de nos frontières. Ce pourcentage de personnes sans accès équitable aux soins constitue-t-il une situation unique au Canada? Certains de nos pays de référence habituels ont-ils trouvé le moyen de faire mieux que nous? Qu’ont-ils fait?CQ : Revenons donc à ce dollar de soins dentaires. Je disais que cinq cents par dollar, c’est ce que notre gouvernement finance pour les soins dentaires. Cela nous place en queue de peloton parmi tous les pays de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques]. Nous sommes tout en bas de l’échelle. Nous sommes en fait derrière les États-Unis, ce qui est assez surprenant pour beaucoup, car les Canadiens passent beaucoup de temps à penser que nous sommes meilleurs que les Américains dans tout un tas de domaines.

DW : Oui, nous, les Canadiens, nous détesterions entendre ça.

CQ : Oui, exactement. Je suppose donc que, dans un sens, ce problème existe dans de nombreuses nations et de nombreux systèmes de santé, mais c’est une question de degré. L’Australie dispose d’un système public assez solide pour les enfants, et s’il ne fait pas grand-chose pour les adultes, il en fait certainement plus que le Canada. Le Royaume-Uni dispose d’un système de soins dentaires largement financé par l’État, qui présente également des lacunes. Mais il y a aussi un nombre important de pays de l’OCDE qui, d’une manière ou d’une autre, parviennent à une couverture quasi universelle des soins dentaires. C’est ce que je trouve passionnant, car en ce moment même, le Canada discute de l’intégration de la dentisterie dans son système de soins de santé public. Et la plupart des gens ne réalisent pas ce qu’ils disent quand ils parlent de ça. Il s’agit d’une couverture au premier dollar, similaire à celle que vous obtenez lors d’une visite chez le médecin ou à l’hôpital. En vérité, ce type de système de soins dentaires serait incroyablement unique au niveau international. Je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de pays où cela se passe ainsi, mais il y a d’autres pays qui parviennent à une couverture universelle ou quasi universelle grâce à un système plus mixte. Je vais être très pragmatique sur le plan politique.

Je pense qu’il est beaucoup plus facile de s’aligner sur la plupart des autres pays et de trouver une solution typiquement canadienne qui n’est pas nécessairement la meilleure pour toutes les parties prenantes, mais qui nous fait quand même avancer. Je parle des dentistes. Je parle des patients. Imaginez que vous deviez annoncer aux Canadiens aujourd’hui que nous allons supprimer leurs régimes de garanties de soins de santé offerts par les employeurs, et que tout sera payé par leurs impôts. Je ne pense pas qu’il y aurait une révolte, mais beaucoup de gens seraient bouleversés. Et selon moi, c’est en grande partie inutile parce que nous pouvons faire les choses de manière intéressante et unique, ce qui pourrait signifier inclure une partie de la dentisterie dans le système de soins de santé public, tout en laissant ces autres mécanismes faire ce qu’ils font comme des marchés privés.

Là encore, d’une manière générale, si vous observez les pays du monde entier, vous découvrez de nombreux systèmes réussis qui combinent les marchés public et privé, ce qui leur permet de collaborer pour atteindre une couverture quasi universelle ou universelle. Et pour moi, c’est une solution politiquement pragmatique à un problème politique, et non un problème technique.

DW : Dans le cadre de notre travail pour le Projet accès Green en partenariat avec votre initiative de recherche One Smile, nous avons utilisé l’expression « travailleurs à faible revenu » pour désigner le groupe que nous essayons de relier à notre clinique à l’Université de Toronto et à nos cliniques secondaires, comme celle que nous venons d’annoncer avec le Bureau de santé du Nord-Ouest. Dites-nous-en plus. Qu’est-ce qu’un « travailleur à faible revenu »? Comment décririez-vous ce groupe? Et comment sont-ils passés à travers les mailles du filet des soins de santé au fil du temps?

CQ : Eh bien, il existe des définitions assez précises pour désigner un « travailleur à faible revenu » et je ne m’en souviens pas par cœur, mais je peux vous dire qu’en termes généraux, cela se réfère essentiellement au groupe de personnes que j’ai décrit auparavant – ceux qui travaillent pour un employeur qui n’offre pas de prestations de soins de santé et dentaires. Cela va probablement au-delà de la définition, mais je dirais que dans la ville de Toronto, vous êtes probablement un travailleur à faible revenu si vous gagnez entre 50 000 et 60 000 dollars. Les travailleurs à faible revenu peuvent même gagner un peu plus, étant donné le prix des logements et tout ce qu’il faut pour vivre dans une ville comme celle-ci. Mais, si vous allez dans une région rurale de l’Ontario ou du Manitoba – je suis originaire du Manitoba, alors je l’utilise naturellement comme exemple – vous pourriez être classé dans la catégorie des travailleurs à faible revenu si vous gagnez 20 000 $ par année. Ne vous fiez pas à ces chiffres – je pense que ce qu’il faut retenir, c’est que tout est relatif et que ce qui compte, ce sont vraiment les personnes qui font face à des obstacles financiers pour obtenir des soins.

Dans notre clinique à l’Université de Toronto et dans les cliniques secondaires, nous essayons d’y amener ces personnes pour qu’elles puissent recevoir des soins gratuits. Je déteste le terme « gratuit ». Rien n’est gratuit dans la vie. Il s’agit donc de soins sans frais. En contrepartie, les patients sont recrutés dans notre étude One Smile, dans le cadre de laquelle nous les suivons de très près pour voir ce qui change pour eux en termes de santé buccodentaire, et éventuellement cela s’étend à des choses comme la santé générale et même le bien-être psychosocial.

J’ai beaucoup parlé de ce sujet parce que je pense que c’est important. Imaginez que vous avez une jeune famille et que vous, en tant que parent, avez mal aux dents, ou que votre enfant n’arrive pas à dormir à cause d’un mal de dents. Comment cela affecte-t-il la capacité de l’enfant à apprendre? Ou il refuse peut-être de manger par peur d’avoir mal. Comment un parent peut-il s’occuper efficacement d’un enfant lorsqu’il souffre? L’impact de ce genre de soins s’étend au-delà de l’individu. Il touche l’ensemble de la cellule familiale. Nous étudions également les avantages que cet accès aux soins pourrait avoir sur le système de soins de santé et la société dans son ensemble.

DW : Alors, quels sont les résultats des recherches et combien de temps durent-elles?

CQ : Eh bien, nous aurons presque immédiatement les renseignements que nous pouvons utiliser. Nous serons en mesure de déterminer si nous améliorons la santé buccodentaire de quelqu’un assez rapidement après deux semaines, et définitivement après un an. À un moment donné, nous recueillons également le numéro de la carte Santé, afin de pouvoir relier chaque patient à ses données administratives provinciales en matière de santé, ce qui signifie que chaque fois que le patient consulte un médecin ou se rend à l’hôpital, nous le saurons et pourrons comparer ses données à son utilisation antérieure des soins de santé. Verrons-nous une réduction des visites chez le médecin pour des problèmes liés à la santé buccodentaire? Avons-nous réduit le nombre de visites à l’urgence pour les maux de dents, et ainsi de suite?

Et enfin, grâce au travail que nous effectuons avec des économistes de la santé et des étudiants très brillants, nous calculerons le rendement de l’investissement. Donc, pour chaque dollar investi dans ce projet, qu’est-ce que la société canadienne pourrait obtenir en retour?

DW : L’hypothèse de travail est donc que, en fait, les soins buccodentaires ont un impact en aval sur la santé générale d’une personne. Existe-t-il déjà des recherches qui vous ont orienté dans cette direction pour vos recherches? Et si oui, qu’ont-elles permis de découvrir?

CQ : Je vais vous le dire de cette façon. Si vous donnez à quelqu’un un régime d’assurance-maladie, il commence à consommer des soins dentaires de manière beaucoup plus préventive. Ce qui veut dire qu’il ne va pas seulement à l’urgence. C’est bien connu.


 

Dental Scene Illustration

L’une de mes anciennes étudiantes a réalisé une étude dans laquelle elle a comparé les personnes diabétiques dont la santé buccodentaire était jugée médiocre ou moyenne à celles dont la santé buccodentaire était jugée bonne ou excellente. Elle a démontré que les personnes diabétiques dont la santé buccodentaire était meilleure avaient beaucoup moins de résultats négatifs liés au diabète. Et nous ne parlons pas ici de résultats tels que « je n’ai pas pu contrôler ma glycémie », mais de beaucoup moins de complications graves comme les amputations, par exemple. Non seulement ces interventions sont coûteuses pour le système de soins de santé, mais elles ont également un impact important sur la qualité de vie des gens.

DW : Je sais que vous parlez aux décideurs politiques de tout le pays, et je me demande où en sont les gouvernements canadiens sur la façon de combler les lacunes en matière de soins dentaires. En parlent-ils, et que devrons-nous faire pour susciter une conversation à ce sujet?

CQ : Il est intéressant de noter que je fais beaucoup de recherches historiques et que la question de la dentisterie refait surface tous les 20 ou 25 ans dans les discussions sur les soins de santé au Canada. Elle est apparue dans les années 1930 à 1940. Nous commencions à parler de notre système national d’assurance-maladie de manière très sérieuse. Cette question est réapparue dans les années 1960 lorsque nous avons formalisé l’assurance-maladie canadienne sous la forme qu’elle a aujourd’hui. Elle est réapparue un peu dans les années 1980, puis est restée dans l’ombre jusqu’au début des années 2000, où elle a commencé à prendre de l’ampleur en tant que question politique. Et vos auditeurs se rendront peut-être compte que la question est remontée à la surface une fois de plus et que le NPD plaide pour une sorte d’étape intermédiaire. Il désire obtenir un financement dans le cadre d’un régime fédéral qui servirait de pont, pour finalement être inclus dans un régime d’assurance-maladie, ce que je trouve intéressant. Mais en cherchant un équilibre ou en échangeant l’assurance-médicaments contre les soins dentaires, nous commençons à devoir faire de gros compromis, n’est-ce pas? Je vais parler de ce sujet dans quelques instants.

Lors de la dernière élection, ce sujet a été mentionné dans le discours du trône comme étant un point à explorer. Le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes s’est engagé à l’étudier. Je ne sais pas où nous en sommes, car la COVID-19 a en quelque sorte tout chamboulé. Mais tout dernièrement, cette question a de nouveau été soulevée par le NPD. Nous constatons que les gouvernements en discutent suffisamment au niveau fédéral. La Colombie-Britannique en a parlé. L’Ontario en a parlé. En général, on en parle plus. Et vous savez, ce que je trouve le plus intéressant, c’est que mes propres collègues dentistes qui, traditionnellement, ont été très timides à ce sujet, commencent maintenant à dire : « Nous devons y réfléchir un peu mieux », ce qui est une très bonne chose. En fait, les nouveaux dentistes ne sont-ils pas de la même opinion que ceux qui travaillaient dans les années 1960, 1970, 1980, etc.? Je ne sais pas. Ce qu’il faut retenir, c’est que même au sein de la profession de dentiste, on discute de la nécessité d’améliorer la situation des personnes dont nous sommes censés nous occuper le plus. Nous nous préoccupons évidemment de l’ensemble de la population. Et en tant que professionnel, vous avez tendance à vous occuper des personnes les plus malades, et c’est logique.

DW : Donc, dans votre esprit, est-ce que cela nécessitera un mandat ou un soutien au niveau fédéral ou est-ce qu’une province pourrait en assumer seule la responsabilité? Et faire les bons choix par elle-même? Sera-t-elle à la recherche de financement?

CQ : Tout cela est à considérer. Ce qui est très intéressant, c’est que dans l’histoire de l’assurance-maladie, lorsque la Saskatchewan et des endroits comme l’Alberta et la Colombie-Britannique ont décidé de faire leur propre affaire, ils ont attiré l’attention sur la question. En parlant du point de vue du gouvernement fédéral, je disais à mes étudiants : « Imaginez que vous avez un tas d’enfants et que certains d’entre eux ont réussi tout un exploit. Tout ce qu’il vous reste à faire, c’est de dépenser un peu d’argent pour que tous les autres enfants puissent arriver au même résultat. » Il y avait une sorte de pression morale dans les soins de santé à cette époque, dans les années 1950 et 1960.

Je ne suis pas certain que cela s’applique à la dentisterie. Supposons donc que, par magie, la Colombie-Britannique ou la Saskatchewan décide de garantir des soins dentaires à tous leurs citoyens, sous une forme ou une autre. Je ne suis pas certain que cela constituerait la pression morale dont le gouvernement fédéral a besoin pour faire en sorte que cela se produise dans tout le pays, mais ce n’est que mon hypothèse. Oui, une province peut y arriver seule. Mais en ce qui concerne le système de soins de santé canadien, du moins la façon dont il est organisé, c’est-à-dire la façon dont il est gouverné et géré, pour que les choses bougent vraiment au Canada, il faut en fin de compte un leadership politique fédéral, qui fonctionne vraiment à deux niveaux : voici les règles et les pratiques exemplaires, et voici de l’argent.

Ce qui est intéressant dans les plans actuels qui ont été déposés par le NPD, c’est qu’ils préconisent un plan fédéral qui interagit directement avec les résidents provinciaux. C’est assez unique du point de vue des soins de santé. Mais il y a aussi le Parti Vert qui a dit : « Non. Utilisez les mécanismes de financement traditionnels », c’est-à-dire l’argent fédéral que les provinces peuvent ensuite utiliser par leurs propres moyens.

Je suis un grand partisan du leadership fédéral en matière de politiques subventionnées. Et, fait très intéressant, l’Association dentaire canadienne a récemment réclamé des normes nationales. Eh bien, non seulement elle a demandé plus d’argent pour soutenir davantage de soins dentaires publics, ce qui est formidable, mais elle a également demandé la création de normes nationales pour les soins de santé buccodentaires et les soins de longue durée, ce qui a été négligé depuis longtemps. Et peut-être que la COVID-19 n’a fait que mettre cela encore plus en évidence. Mais l’idée de normes nationales est, je pense, une discussion saine dans la politique canadienne des soins de santé, ce qui revient à notre enjeu initial. Il s’agit d’une manière très saine d’aborder les soins dentaires dans le contexte d’une politique de santé élargie.

DW : Génial. Je veux dire qu’en fin de compte, lorsque nous parlons du Projet accès Green et de l’initiative de recherche One Smile à l’Université de Toronto, nous espérons ajouter des voix à cette conversation et fournir des données et des recherches aux décideurs, aux responsables des politiques pour qu’ils fassent des choix éclairés. Et, idéalement, nous avons cette vision de tous les Canadiens ayant accès à des soins de santé buccodentaire adéquats. Merci donc de nous donner cette perspective aujourd’hui. Il est certain que votre expertise sur ces sujets est en quelque sorte inégalée et rend un grand service à nos auditeurs. Je tiens également à vous remercier pour le travail de terrain que vous effectuez au quotidien avec la clinique et le projet de recherche qui se concrétise. J’espère que nous pourrons vous faire revenir dans un avenir rapproché pour voir comment cela progresse, quels sont les premiers enseignements et poursuivre cette conversation.

CQ : Merci beaucoup, et j’apprécie grandement ces commentaires. Je veux aussi m’assurer que les gens comprennent que je suis soutenu par une grande équipe de personnes très performantes qui me font paraître intelligent. Alors voilà.

DW : Je suis heureux de t’avoir parlé, Carlos.

Cette transcription de l’entrevue a été modifiée dans un souci de clarté et de longueur. Pour écouter l’intégralité de la conversation avec le D  Carlos Quinonez, écoutez l’épisode 29 de notre balado (en anglais seulement) intitulé « And Now For Something Completely Indifferent... ».


VOICI GSC EN BREF

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